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Derrière le prix d’un produit se cachent des enjeux cruciaux pour les producteurs et les coopératives, dont la portée échappe souvent aux consommateurs.
Le cas du rooibos, dont le prix a augmenté ces cinq dernières années, est particulièrement emblématique. Afin de mieux comprendre comment se décompose le prix d’achat du rooibos, nous avons récemment mené une étude sur le sujet.
Il nous semblait particulièrement judicieux de vous faire part de ces éléments, qui permettent de prendre conscience qu’acheter un rooibos à un prix juste est la seule manière de garantir la survie des petits producteurs sud-africains face à des enjeux sociaux et environnementaux de plus en plus complexes.
La coopérative de rooibos de Wupperthal représente 63 membres qui cultivent 175,64 ha, dont 26 producteurs (soit presque la moitié) pratiquent l’agriculture en biodynamie.
La coopérative de rooibos de Heiveld représente 74 membres qui cultivent quelque 500 parcelles d’une taille moyenne de 2,30 hectares répartis sur 1 150 hectares.
La culture du rooibos est en premier lieu fortement impactée par le dérèglement climatique de ces dernières années. Si rien n’est fait, les rendements risqueraient de chuter drastiquement dans la décennie à venir. La dernière vague de sécheresse importante en 2017 a par exemple occasionné une perte de production de 18 tonnes pour la coopérative de Heiveld. Cette perte a représenté 1/3 des volumes par rapport à la production annuelle moyenne.
Pour la coopérative de Wupperthal, c’est en matière de trésorerie que l’impact a été considérable, ce qui a obligé ses membres à revoir le prix du rooibos en intégrant les coûts des périodes de sécheresse pour les années à venir.
De nouvelles pratiques agricoles sont aussi à l’étude depuis cet évènement déclencheur et semblent porter leurs fruits.
Cette sécheresse a également occasionné la perte de plants de rooibos qui ont littéralement brûlés sur place.
Ces problèmes qui vont devenir récurrents impactent aussi la biodiversité et le maintien de la culture du rooibos à l’échelle familiale des coopératives de Wupperthal et de Heiveld dont l’activité contribue aussi à la préservation de l’exceptionnelle réserve naturelle du Cederberg, historiquement liée à la culture du rooibos.
Parallèlement, dans le contexte concurrentiel de plus en plus fort du marché du rooibos bio-équitable, les grandes plantations qui grâce à leurs grands volumes de production ont tendance à tirer les prix vers le bas au détriment de la qualité finale, ce qui entraîne de grandes difficultés pour les petits producteurs.
D’après les témoignages que nous avons recueillis, la plupart d’entre eux ne vivent pas uniquement de la culture du rooibos qui devient une activité saisonnière en parallèle à d’autres activités. Pour éviter l’exode rural et maintenir la pérennité des coopératives, il est impératif que leurs membres puissent compter sur un prix juste maintenu dans le temps. Un prix juste c’est donner aux jeunes la possibilité d’envisager un avenir serein dans leur village en reprenant l’activité de leurs parents.
Enfin, la crise sanitaire est venue ajouter le décalage de l’ensemble des activités de mars à septembre. Cela a entraîné un report des projets d’investissement de 2020 sur 2021 et des besoins de trésorerie supplémentaires, qui ont pu être absorbés grâce à la réévaluation du prix du rooibos et par le préfinancement des récoltes.
Le prix permet en effet tout d’abord de payer les producteurs et cela représente pour les coopératives 80 % des coûts de production. Ces coûts de production absorbent en moyenne 70% des dépenses. Les 30% restants servent à payer les salaires des employés de la coopérative, les charges courantes, la transformation, le transport, les frais de certification, les formations et le suivi technique.
Le prix est donc directement lié aux conditions de vie des producteurs : leur permettre à eux et leur famille d’avoir une vie décente est notre priorité.
C’est aussi pour les fermiers la possibilité de répondre à leur souhait d’augmenter les volumes de productions, un impératif comme nous l’avons vu pour les années à venir…
Nous pouvons citer l’exemple Anna Skippers, une femme de 39 ans résidant à Langbome, membre de la coopérative de Wupperthal depuis 2012 et membre du bureau en charge des ressources humaines depuis 2018. Elle a toujours été motivée par la production et la valorisation d’un rooibos de qualité.
Elle cultive 2,72 hectares, récolte du rooibos sauvage (818 kg en 2020) et dispose de parcelles en biodynamie. Parmi ses projets, elle souhaiterait pouvoir augmenter ses volumes de production pour répondre essentiellement aux besoins de sa famille. Elle, qui perçoit les effets du changement climatique et de la chute des prix, souhaite que le prix d’achat augmente (son estimation du prix minimum est de 30 rands/kg). Elle pourrait alors planter plus de rooibos.
Pour ses besoins personnels de base, elle dispose actuellement de 6 000 rands par mois (304 €). Elle définit l’éducation et la santé pour la communauté comme des priorités et son revenu idéal serait 8 000 rands/mois (464 €). Pour l’année 2019, son revenu dépendait exclusivement du rooibos.
Dans un tel contexte, continuer à payer un prix juste aux producteurs pour leur assurer des conditions de vie décentes s’est traduit par une augmentation du prix à notre niveau, mais aussi pour les coopératives sur les cinq dernières années.
Malgré cette augmentation, nous avons fait le choix de continuer à nous fournir auprès de nos partenaires historiques. C’est un choix aussi bien éthique (relation de confiance) qu’un choix qui privilégie la qualité de nos rooibos et ce sur une vision à long terme.
C’est en effet par les investissements et le soutien à la communauté (prime du commerce équitable) que permet l’augmentation du prix que l’avenir du rooibos bio et équitable, de petits producteurs peut être assuré.
Concrètement ces investissements ont permis pour la coopérative d’Heiveld :
Et pour la coopérative de Wupperthal :
En complément 83 000 rands (4734 €) ont été investis pour les préparations en biodynamie en 2021.
Parallèlement, les deux coopératives d’Heiveld et de Wupperthal ont adopté la technique du mulching qui permet d’augmenter la fertilité des sols et aide efficacement à lutter contre leur sécheresse en conservant leur humidité ;
Enfin, ces investissements soutiennent dans les coopératives de nombreux projets éducatifs liés aux écoles maternelles et des aides financières pour les étudiants non boursiers, la formation des travailleurs, des membres, du personnel…
Les engagements que nous avons pris, voilà plus de 25 ans, avec nos partenaires sud-africains ne s’arrêtent pas avec le réchauffement climatique ou les sécheresses à répétition. Avec ces explications, vous pouvez comprendre qu’aux Jardins de Gaïa, nous mettons tout en place pour améliorer les conditions de travail et le rendement des producteurs avec lesquels nous travaillons, main dans la main. Nous vous tiendrons informés du suivi des investissements faits récemment, qui sont un véritable pari sur l’avenir et qui nous rendent particulièrement optimistes !
Écrit par Les Jardins de Gaïa
Pionniers sur le marché des thés et tisanes bio et équitables, Les Jardins de Gaïa proposent, depuis 1994, des grands crus nature, des classiques et des créations maison originales. Privilégiant les petits producteurs et les récoltes manuelles, ils ont développé au fil des années une gamme généreuse et variée de thés, rooibos et tisanes aux qualités gustatives reconnues, ainsi qu’une gamme d’épices bio et prémiums proposée sous la marque Terra Madre. Tel un jardin épanoui, la force des Jardins de Gaïa tient dans la diversité des terroirs et l’engagement des hommes qui la travaillent…
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