Les jardins zen

Comme tout art, ces jardins ne s´expliquent pas avec des mots et c´est pour cela que nous n´évoquerons que de manière succincte l´essence de chacun d´entre eux. Nous suivrons fidèlement la devise Zen qui dit : le doigt qui montre la lune n’est pas la lune.

Dans les cinq jardins l´eau a été remplacée par du granit concassé. Cette forme appelée « karesansui » (sans eau) a une origine très ancienne, comme le montre depuis 1494 le jardin Ryoan-ji de Kyoto. Ces jardins sont innovants : ils communiquent entre eux, les rochers d´un jardin sont mis en relation avec ceux des autres jardins tout comme les plantes ainsi que d’autres éléments les composant. Cette multitude de liens entre les jardins permet au visiteur de construire sa propre histoire avec le lieu.

L’étang de la tortue

Une fois franchi le portail d´entrée, le visiteur se laisse guider par un long chemin en bois à travers « l´étang de la tortue ». À droite, une île de plantes vertes sur laquelle pousse un érable japonais est certes appelée l´île de la tortue mais ne symbolise pas l’animal. À gauche, une petite île émerge du plan « d´eau » et invite le visiteur à imaginer ce qu´elle représente.

Le jardin de la grue

Dès l´entrée, on peut apercevoir le second jardin. Rigoureusement conçu, il est très moderne. Le rocher qui se dresse sur la gauche suggère une grue (patience et sagesse). Comme un contrepoint à la langue de gravier noir bordée de métal, elle repose sur une île naturelle formée de mousse, au milieu de l´étang imaginaire (la vie).

Le jardin de la Mandoline

Ce jardin, situé devant le pavillon du thé japonais, où a lieu la cérémonie du thé, ne peut être contemplé que de cet endroit. Bien que la forme de son étang évoque une mandoline, l´accent est mis sur le son inaudible de cette petite oasis. Plus on s´y abandonne plus on y fait de découvertes. Le bassin japonais enrichi ce havre de paix de son clapotis silencieux.

Le lac du silence

Ce jardin principal, au cœur des jardins, est un hommage aux créateurs anonymes du jardin Ryoan-ji de Kyoto, sans doute le plus célèbre au monde. Huit grands rochers caressés par les vagues reposent dans un lac de granit. Certains rochers qui n´émergent que partiellement de la « mer » incarnent quatre aspects fondamentaux de notre existence: l´harmonie, la conscience, la pureté de la pensée et de l’action ainsi que la paix intérieure. De là naissent la sagesse, l’honnêteté, la clairvoyance et l’esprit de décision.
Un neuvième rocher situé sur la colline peut nous faire penser que Sisyphe serait parvenu à laisser sa pierre au sommet de la montagne.

Plein est vide (un hommage à Maître Hachiro Kanno)

Plein est vide, une étrange affirmation…
Un chemin en madrier de bois chevauche un étang entouré de cinq parterres d´iris. Des bordures rectilignes aménagées par la main de l´homme, contrastent avec une rive naturelle formée de graviers fluviaux. Une barque est échouée, marquée par le temps et reconquise par la nature.
Cette mise en scène est également un clin d´œil à l´indien Bodhidharma, fondateur du Zen, qui vécu au environ de l´an 500 (1000 ans après Bouddha).

La salle de thé japonaise « Sei yu an »

Elle est le lieu où le silence prend sa source et où il aboutit. C’est aussi celui où l’on s´exerce pour y accéder et où l´on permet aux autres d´y prendre part, sans dogmes philosophiques ou religieux. La salle du thé est l’origine du chemin qui donne accès aux jardins lesquels, à leur tour, y renvoient le visiteur. C´est à la fois le cœur du site et un havre de paix.
Les cérémonies du thé qui y ont lieu (jap. « cha no yu » : thé avec de l´eau chaude) sont la mise en pratique des quatre aspects principaux de notre existence : l´harmonie, l´attention, la pureté et la paix intérieure.

C´est ici que l´Orient et l´Occident s’unissent en harmonie…

Architecte paysagiste :

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